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Nutrition & Travail

Ce que votre assiette ditde votre efficacité au travail

Dans un environnement de travail toujours plus exigeant, l’alimentation reste trop souvent négligée, alors même qu’elle influence directement notre énergie, notre concentration et notre bien-être. Pourtant, mieux manger, c’est aussi mieux travailler.

Nous avons échangé avec Linda Eymas, diététicienne-nutritionniste passionnée, qui met son expertise au service des entreprises à travers des ateliers interactifs. Entre prévention et pédagogie, elle nous partage sa vision d’une nutrition comme pilier de la qualité de vie au travail.

En tant que diététicienne-nutritionniste, vous réalisez des consultations individuelles et en structure hospitalière, pourquoi avoir voulu inclure la santé dans le monde du travail ?

Le monde du travail est un environnement stratégique pour mener des actions de prévention. En tant que salariés, nous y passons une grande partie de notre temps, et nos habitudes alimentaires peuvent facilement être reléguées au second plan.

La santé, plus particulièrement la santé nutritionnelle, est un levier essentiel pour améliorer le bien-être des collaborateurs, leur performance et, plus globalement, pour valoriser le capital humain. Il me semble donc fondamental que l’entreprise s’inscrive dans une démarche de promotion de la santé durable.

Selon vous, quelle place occupe la santé dans le monde du travail aujourd’hui ?

L’enjeu est de faire prendre conscience de l’impact de l’alimentation, tant en entreprise qu’à titre personnel. Après 15 ans passés en entreprise, je constate que les actions en matière de nutrition restent encore trop ponctuelles. Il y a un vrai manque de proactivité.

Partager mon expérience en tant qu’ancienne salariée, et aujourd’hui en tant que professionnelle de santé, me permet d’apporter des conseils concrets et adaptés à la réalité des collaborateurs.

Pourquoi sensibiliser les collaborateurs à la nutrition aujourd’hui ?

L’alimentation influence de nombreux aspects du quotidien : bien-être, énergie, concentration, stress… Une mauvaise nutrition peut entraîner une fatigue chronique, un manque de dynamisme, voire des troubles de santé plus sérieux comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires, souvent liés à l’absentéisme.

La nutrition permet non seulement de prévenir certaines pathologies, mais aussi de renforcer les capacités physiques et mentales des salariés. Elle agit comme un véritable levier de performance durable.

Il est donc essentiel d’accompagner les collaborateurs dans leurs choix alimentaires, avec une vision à long terme, et de poser les bases d’une culture de la santé en entreprise.

En quoi les ateliers nutrition contribuent-ils à la stratégie QVCT de l’entreprise ?

Mes ateliers sont conçus pour être à la fois interactifs, vivants et concrets. L’objectif est de créer un espace d’échange, sans jugement, où chacun peut partager son expérience et repartir avec des conseils applicables au quotidien.

La semaine de la QVCT constitue un moment fort, un moment clé dans l’année. Elle permet aux entreprises de montrer leur engagement envers le bien-être des salariés, et ce type d’atelier répond souvent à une demande directement exprimée par les collaborateurs eux-mêmes. Les entreprises ont pris conscience de l’intérêt de la nutrition et de la santé plus globalement.

Depuis la création des ateliers, avez-vous eu des retours de la part des collaborateurs ou des entreprises ?

Après chaque atelier, je recueille les impressions des participants pour pouvoir ajuster et améliorer mes interventions. Les retours sont très positifs : les participants sont attentifs, engagés, et certains vont même jusqu’à solliciter des consultations individuelles par la suite. Cela montre que le message passe et qu’il répond à un réel besoin.

Avez-vous mis en place un suivi ?

Aujourd’hui, les interventions se font majoritairement à l’occasion de temps forts, comme la Semaine de la QVCT ou les journées de prévention.

Ce sont des moments privilégiés pour sensibiliser, mais il reste encore du chemin à parcourir pour inscrire la nutrition et la prévention dans une démarche continue tout au long de l’année..

Les entreprises fonctionnent souvent par actions ponctuelles, du « one shot », ce qui s’explique aussi par des contraintes d’organisation ou de budget.

Les responsables RSE ou RH aiment souvent varier les formats et les intervenants, ce que je comprends tout à fait

Cela dit, il serait pertinent de proposer un suivi ou des interventions récurrentes. La santé au travail ne se limite pas à un événement annuel : elle se joue tous les jours, aussi bien au bureau qu’à la maison. Il est essentiel de développer une véritable culture de la santé au quotidien, avec des rappels réguliers pour ancrer les bons réflexes. Je suis convaincue que cette approche à moyen et long terme trouvera peu à peu sa place dans les entreprises.

En quoi vos ateliers nutrition se distinguent-ils d’une consultation individuelle ?

Tout à fait. Mes ateliers s’inspirent directement de mon expérience en consultation individuelle. Les problématiques rencontrées en entreprise (stress, manque de temps, alimentation déséquilibrée) sont souvent les mêmes que celles que j’observe en cabinet.

En consultation, on est dans une démarche d’éducation thérapeutique, avec un échange individualisé. En entreprise, le format est différent : il s’agit davantage d’un temps collectif, que je conçois comme un « concert » interactif plutôt qu’un simple exposé. Pour favoriser l’échange et la participation, j’utilise beaucoup le jeu comme outil pédagogique.

Ce format ludique permet non seulement de dédramatiser les sujets parfois sensibles, mais aussi de créer un espace sans jugement, propice à la prise de parole et au partage d’expériences entre collègues. Cela facilite la prise de conscience, sans culpabilisation.

Je veille à toujours adapter mes recommandations au contexte collectif de l’entreprise. Il ne s’agit pas de viser une alimentation « parfaite », mais de proposer une approche réaliste, accessible et bienveillante — qui permette à chacun de faire évoluer ses habitudes à son rythme.

Êtes-vous optimiste vis-à-vis des changements de modes de vie des collaborateurs ?

Oui, je suis clairement optimiste. Je reçois de plus en plus de demandes pour animer des ateliers nutrition, notamment à l’occasion de la Semaine de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT).

Ce qui est encourageant, c’est que ces demandes viennent souvent directement des salariés : il y a une véritable prise de conscience individuelle.

En réponse, les entreprises s’adaptent et s’efforcent de proposer des prestations en lien avec ces nouveaux besoins. Cela montre une évolution positive.

Cela dit, il reste encore beaucoup à faire.

La sédentarité, le stress, et les maladies chroniques sont encore très présents dans le quotidien professionnel.

C’est pourquoi il est essentiel d’inscrire la nutrition dans une démarche durable, avec des actions concrètes et régulières tout au long de l’année, et non pas seulement lors d’événements ponctuels.

Selon vous, est-ce qu’une bonne alimentation et une activité physique régulière vont de pair ?

Absolument, c’est essentiel. Lors de journées de prévention en entreprise auxquelles j’ai participé, on fait souvent appel à des professionnels comme des kinésithérapeutes ou des ostéopathes, en complément de mes ateliers. Cela montre bien que l’approche doit être globale.

Aujourd’hui, avec un mode de vie de plus en plus sédentaire, l’activité physique joue un rôle fondamental.

Elle contribue à la prévention des maladies chroniques, aide à réguler la glycémie et permet de maintenir un poids de forme, en complément d’une alimentation équilibrée.Ce sont d’ailleurs les conseils que je donne systématiquement à mes patients.

L’alimentation et l’activité physique sont deux piliers majeurs de la santé.

Même si celle-ci est un sujet plus vaste, ces deux leviers sont incontournables pour favoriser le bien-être des salariés, mais aussi la performance globale en entreprise

Un dernier mot ?

La Covid-19 a véritablement agi comme un catalyseur. Elle a mis en lumière les fragilités de nos systèmes de santé, tout en révélant l’importance de la santé mentale et physique, ainsi que les enjeux liés au télétravail. Cette période a entraîné une réelle prise de conscience, aussi bien au sein des entreprises que des organismes publics — et bien sûr, chez les salariés eux-mêmes.

Aujourd’hui, je suis ravie de pouvoir contribuer à l’amélioration de la santé des salariés. Dans ma pratique, je m’appuie systématiquement sur des sources fiables et reconnues, comme la Haute Autorité de Santé (HAS) ou d’autres organismes spécialisés en nutrition et santé publique. C’est essentiel, car sur Internet, on trouve tout et son contraire.

Je constate d’ailleurs que beaucoup de personnes — salariés ou non — se sentent perdues face à la surabondance d’informations. Mon rôle, au-delà de l’accompagnement nutritionnel, est aussi d’apporter de la clarté, de valider les bonnes pratiques et de déconstruire les nombreuses idées reçues autour de l’alimentation