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Semaine pour la QVCT : du 16 au 20 juin 2025

Santé des collaborateurs :la prévention, levier oublié de la RSE

Burnouts, congés maladies prolongés, anxiété sur le lieu de travail. Dans un contexte où la qualité de vie au travail (QVCT) et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) deviennent des enjeux majeurs, la prévention santé s’impose de plus en plus comme une priorité incontournable pour les entreprises.

Bérengère Fantin, fondatrice de Bibi L’a Fait, partage avec nous sa vision innovante et ses méthodes d’accompagnement à travers des ateliers sur mesure.

Découvrez comment ses interventions transforment la manière dont les entreprises prennent soin de leurs collaborateurs, alliant santé, bien-être et engagement durable.

Qui est derrière « Bibi L’a Fait » et que signifie ce nom original ?

Je m’appelle Bérengère, alias Bibi, et j’ai fondé Bibi L’a Fait en 2019.

Le nom Bibi L’a Fait n’est pas issu du hasard d’un prénom. Il reflète aussi le constat selon lequel chacun peut devenir acteur de sa consommation et de sa santé.

Ce nom incarne l’ADN de mon entreprise : je ne suis pas celle qui impose, mais celle qui facilite.

Mon rôle est de donner les clés nécessaires pour que chaque participant devienne acteur de sa propre santé et de son avenir.

Bibi L’a Fait, c’est l’idée que nous pouvons tous devenir des “Bibi”. Dès lors qu’on dispose des bons outils et d’informations fiables, nous avons la responsabilité de changer pour nous-mêmes.

Personne d’autre ne le fera à notre place.

Ce que propose Bibi L’a Fait, c’est d’accompagner les individus vers des modes de consommation plus sains et plus écologiques. Mais attention, nous ne faisons pas d’ateliers de loisirs créatifs ou d’ateliers « zéro déchet ». Ce sont des ateliers d’accompagnement qui visent à améliorer la santé globale au quotidien.

Rapidement, on se rend compte qu’on peut faire une pierre, deux coups ! En prenant soin de notre santé, on prend aussi soin de notre planète.

Pourquoi avoir choisi d’agir dans le domaine de la qualité de vie au travail (QVCT) ?

J’ai pris conscience de l’importance de la QVCT en 2015, quand j’ai vécu un burn-out. Après cette période, j’ai été en arrêt de travail pendant trois ans, où j’ai traversé une dépression puis un cancer.

«C’est pendant ma convalescence que j’ai pris pleinement conscience que mon environnement de travail avait joué un rôle dans ce que j’avais vécu physiquement »

Aujourd’hui, dans le milieu professionnel, les collaborateurs prennent eux aussi conscience de l’importance de la QVCT. On voit une évolution chez les nouvelles générations, qui choisissent leur employeur non seulement en fonction de ce qu’il dit, mais surtout de ce qu’il fait réellement.

Cela pousse les entreprises à être beaucoup plus responsables et concrètes dans ce qu’elles proposent en matière de bien-être au travail.

Toutes les études actuelles montrent qu’il y a un véritable désengagement des collaborateurs vis-à-vis de leurs employeurs. On constate une inversion des rôles : ce n’est pas aux collaborateurs de prouver leur performance, mais à l’entreprise de démontrer son engagement à avoir des collaborateurs épanouis et à promouvoir la co-construction.

La performance, en réalité, se bâtit au quotidien, en collaboration avec l’entreprise.

Pourquoi sensibiliser les entreprises à la santé environnementale ? Quels sont les enjeux ?

Pourquoi sensibiliser les collaborateurs sur ces sujets aujourd’hui ? C’est en grande partie à cause de la baisse de l’espérance de vie en bonne santé. L’espérance de vie totale augmente, c’est un fait, nous vivons plus vieux, mais l’espérance de vie en bonne santé, elle, est en recul. Bien qu’il y ait des avancées dans le traitement des maladies, on vit de moins en moins longtemps en bonne santé.

 « L’employeur a, selon moi, un rôle crucial à jouer dans cette dynamique. S’il propose de la sensibilisation et du dépistage directement sur le lieu de travail, pendant que les collaborateurs sont disponibles, cela aura un impact significatif. Sur le long terme, cela permettra de mieux prévenir les risques et d’assurer l’emploi de seniors en bonne santé. »

Comment les ateliers de « Bibi L’a Fait » soutiennent-ils concrètement les stratégies RSE et QVCT des entreprises ?

L’approche repose sur le principe d’action-réaction : chaque individu est acteur de sa santé. Les entreprises ne peuvent plus se limiter à des rapports RSE ; elles doivent démontrer des actions concrètes. Les ateliers de sensibilisation et de prévention santé sont un exemple parfait de cette démarche, en offrant des solutions sur mesure.

«Si j’avais lancé une gamme de produits, il aurait fallu que je développe des millions de produits différents. Un produit répond souvent à une tendance et non à un besoin personnalisé. Il y aura toujours quelqu’un pour qui le produit ne conviendra pas.»

Pour moi, la réussite réside dans le conseil et l’accompagnement au changement des modes de consommation. Proposer une méthode et un suivi est bien plus efficace que de simplement suggérer un produit ; il s’agit de guider les personnes pour les aider à adopter de nouvelles habitudes durables et saines

En quoi l’atelier Maison Pure contribue-t-il à une meilleure santé au travail ?

L’atelier Maison Pure, c’est une série d’ateliers imaginés pour aider à détoxifier la maison. L’idée, c’est de faire un tri drastique dans les placards des collaborateurs pour leur montrer, de manière simple, comment repérer le greenwashing, sans forcément passer par une lecture compliquée des étiquettes.

Cet atelier a tout à fait sa place dans une démarche de santé au travail. Nous passons 80 % de notre temps à l’intérieur, exposés chaque jour à plus de 900 substances chimiques.

Ces substances, nous les retrouvons partout : à la maison, mais aussi au bureau. Le plastique, par exemple, est une source de pollution dans les deux environnements.

À la maison, nous avons quand même plus de contrôle sur ce qu’on utilise.

Mais aujourd’hui, nous voyons bien que certains collaborateurs s’inquiètent même de ce qu’il y a dans les toilettes du bureau. Et ça, pour moi, c’est un vrai signal qu’il faut écouter. En matière de RSE, ça doit devenir une tendance forte.

Quels conseils donnez-vous pour prolonger l’impact des ateliers ?

  • Continuer à s’informer et nourrir sa curiosité, mais toujours avec des sources fiables : La frustration vient souvent du fait de ne pas avoir toutes les réponses en une heure.
  •  Ne pas vouloir changer trop de choses trop vite : Comme dans un marathon, il faut doser l’effort pour éviter l’essoufflement et finir la course.
  •  Partager avec ses collègues : échanger des recettes, des réussites, et se féliciter mutuellement : Cela crée une dynamique positive qui encourage à aller plus loin.
  •  Comprendre que l’envie est la clé du changement : comme pour arrêter de fumer, il faut agir pour soi-même, sinon le changement ne sera pas durable.

Depuis la création des ateliers, avez-vous eu des retours de la part des équipes ou des entreprises ? Quelles sont les thématiques qui fonctionnent le plus ?

Les retours sont très positifs. Les gens me remercient d’avoir ouvert un espace sur un sujet important mais souvent mis de côté, faute de temps. Ils aiment le côté structuré, concret, et le fait de repartir avec des solutions directement applicables.

«Il ne faut pas croire que tout change tout de suite. Certains appliquent mes conseils le jour même, d’autres plus tard, parfois un an ou deux après. Le déclic peut venir d’ailleurs, et là, ils repensent à l’atelier»

Concernant les thématiques, c’est souvent l’employeur qui choisit. Parfois après avoir sondé les collaborateurs. Mais si j’avais une recommandation à faire, ce serait de commencer par les produits ménagers : c’est ce qui a le plus d’impact en termes de santé sur un foyer.

Quelles évolutions envisagez-vous pour Bibi L’a Fait ?

Pour l’année à venir, ma priorité sera de m’adapter aux attentes : les entreprises, souvent multisites, demandent de plus en plus de formats courts en visioconférence. J’ai déjà développé ce format pendant le covid, mais je vais le raccourcir et repenser le contenu.

La santé féminine est aussi un sujet qui me touche profondément en tant que femme. Je travaille avec des associations sur ces enjeux, et je collabore avec des professionnels engagés sur le dépistage et l’endométriose.

Pour ces sujets qui méritent d’être abordés sérieusement, il faut des formateurs passionnés. Pour moi, c’est une clé du succès en entreprise.

Mon ambition est claire : La sensibilisation des collaborateurs à une santé globale « one health » doit être intégrée au cœur des politiques RSE des entreprises. Dans cette optique : prévention et santé environnementale sont deux sujets indéniablement liés.

Pouvez-vous nous parler un peu de votre travail avec les associations ?

Depuis la création de Bibi L’a Fait, j’ai beaucoup travaillé sur la prévention, un domaine largement porté par les associations et, dans une moindre mesure, par les pouvoirs publics. On entend parfois que la prévention n’a pas de modèle économique, ce qui laisse penser qu’elle reste secondaire dans le business.

Pourtant, je me bats pour qu’elle fasse partie des stratégies RSE, car elle peut réellement réduire les arrêts de travail et améliorer l’engagement.

Le problème, c’est que les structures sociales, comme les ESAT ou les centres sociaux, dépendent des subventions publiques et n’ont pas les moyens de financer ce que je propose aux entreprises avec mon offre Bibi L’a Fait. C’était extrêmement frustrant. Les besoins sont là et criants. Heureusement, certaines associations comme la Ligue Contre Le Cancer me soutiennent et financent mes actions.

Aujourd’hui, grâce à elles et en leurs noms, je peux intervenir dans des écoles, des centres sociaux, et même dans les hôpitaux sur des sujets comme le dépistage des cancers, le sommeil, la nutrition ou les addictions.

Pour que la prévention ne connaisse pas de discrimination sociale…

C’est un vrai tournant pour moi. Aujourd’hui, 1/3 de mes clients sont des associations, et je suis fière de pouvoir concilier mes rêves de formatrice et de chargée de prévention avec ma réalité professionnelle